Quand j’avais presque 17 ans, ma fille avait presque un an. J’étais déprimée et je vivais à la maison dans une situation violente. Mes parents me harcelaient constamment pour que je quitte la maison, et les choses sont devenues tellement difficiles que j’ai voulu mourir. Un jour, j’ai quitté sur un coup de tête. Je n’avais aucune idée où j’allais, je n’avais même jamais eu d’emploi, je n’avais aucune idée de ce qu’était le vrai monde, mais tout ce que je savais, c’est que si je continuais à vivre dans cette maison, j’allais m’enlever la vie. J’ai laissé ma fille derrière en sachant que son innocence la protégerait. Je ne pouvais pas l’apporter à… où? Je ne savais même pas.

Quelques jours plus tard, j’ai découvert l’Abri pour jeunes femmes du BSJ. Je fréquentais alors l’école, et quand ils ont appris que je vivais dans un abri, ils m’ont catégorisé comme étant sans abri et m’ont littéralement mise à la porte parce que je n’avais pas une « adresse permanente ». J’étais déjà tellement mal en point et cela n’a pas du tout aidé ma situation. Ma vie était dans une impasse.

J’ai été obligée de me trouver un emploi parce que l’aide sociale ne voulait pas m’aider. J’ai commencé à travailler, mais je restais toujours triste. La seule chose qui me tenait vraiment à cœur, ma jolie fillette, était loin de moi et il m’était interdit de la voir. Je descendais en spirale. En trois mois de séparation de ma petite, j’ai été institutionnalisée pendant trois semaines dans l’unité de santé mentale d’un hôpital.

J’ai passé les prochains deux ans et demi à me droguer dans le but de tenter d’oublier la douleur. Toutes les personnes qui savaient que j’avais une fille ne la mentionnaient jamais parce qu’elles savaient à quel point cela me faisait mal d’y penser. Alors, je ne pensais simplement plus à elle. Je faisais même semblant de ne pas avoir de fille.

Pendant ce temps, je prenais mes repas tous les jours à la Halte-accueil du centre-ville du BSJ, et je passais un certain temps là à parler au personnel. Celui-ci m’a aidé à y voir plus clair même quand je refusais de le faire. Il n’a jamais porté de jugement à mon endroit, il ne m’a jamais dit que j’avais tort ou que j’étais un problème. Il m’a aidé à voir comment les choses pouvaient être différentes, et il m’a guidé dans la période la plus difficile de ma vie. Petit à petit, il m’a aidé à regagner le contrôle de ma vie.

Trois ans après avoir quitté ma vie à la maison, je maintenais déjà mon propre logement stable et je voyais ma fille régulièrement. Un an plus tard, j’ai cessé d’utiliser des drogues pour de bon et, en même temps, j’ai obtenu mon diplôme d’équivalence d’études secondaires. J’ai entrepris mes études collégiales moins de 6 mois après l’obtention de ce diplôme. Cette année, j’obtiendrai mon diplôme collégial d’infirmière auxiliaire autorisée. Cela fait à peine sept ans depuis que j’ai quitté ma vie à la maison, et je ne pensais jamais me rendre où j’en suis maintenant.

Quand je jette un regard vers le passé, je me demande, « Comment ai-je même pu y arriver ? », et je pleure tout simplement, parce que si je n’avais pas eu le soutien du personnel du BSJ, qui m’a toujours poussé à être à mon meilleur, je suis persuadée que j’aurais perdu la vie il y a longtemps.

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