« Je vis en famille d’accueil depuis que je suis né. Je ne me souviens pas d’un temps où ma mère n’était pas aux prises avec la toxicomanie ou d’autres problèmes de santé mentale. Il y avait des périodes où elle pouvait s’occuper de moi, puis d’autres où elle ne pouvait plus, après quoi elle revenait me chercher. Je n’ai jamais vraiment eu de demeure. Elle fréquentait toujours de sales types qui nous giflaient tous les deux. C’est justement parce qu’elle fréquentait un de ces types que nous sommes déménagés à Ottawa. Elle m’a traîné ici pour un gars et j’ai perdu le peu de soutien que j’avais dans mon ancienne ville.

Malgré tout ce brouhaha, j’étais décidé à terminer l’école. À 17 ans j’ai obtenu mon diplôme et je me suis retrouvé chez ma mère et son copain. Un des voisins a dénoncé ma mère à l’Aide à l’enfance, mais ils ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire car j’avais déjà 17 ans. Je n’étais plus un enfant, mais je n’étais pas encore un adulte non plus. Je n’avais aucune idée où même obtenir de l’aide. Heureusement un des agents m’a mentionné le BSJ. J’ai communiqué avec l’abri ce jour même. J’étais à ce point prêt à partir. Ils m’ont vite accueilli.

En grandissant, il a été difficile de ne pas adopter les tendances que je voyais chez ma mère. Même si j’étais jeune, j’avais déjà beaucoup de problèmes de toxicomanie. Je fumais des joints depuis que j’avais sept ans. J’ai essayé l’héroïne à 15 ans parce que j’en avais assez de toujours me sentir seul. J’ai fini par quitter l’abri et me retrouver dans un horrible appartement car à l’époque, tout ce que je cherchais c’était un endroit où me droguer. Il y avait énormément de moisissure et des coquerelles partout. Les gens faisaient de la crack dans les ascenseurs. Quelqu’un s’est suicidé en sautant de son balcon quand j’habitais là. C’en était trop. Je n’étais qu’un enfant en réalité. Je suis donc retourné au BSJ pour demander de l’aide.

C’est alors que tout a commencé à changer. On m’a affecté un chargé de cas très intense avec qui j’ai pu préparer un plan de santé mentale pour moi-même. J’ai emménagé dans un appartement du BSJ, où j’habite en ce moment, et je vais très bien. Je n’ai jamais pu demeurer au même endroit plus que quelques semaines auparavant. Cela fait réellement toute une différence. Je n’exagère pas lorsque je déclare que le BSJ m’a sauvé la vie. Je serais mort maintenant, soit d’une surdose accidentelle ou d’un suicide. C’en était rendu à ce point.

Je dis toujours que je ne connais pas l’amour. Tant qu’on ne te le donne pas, impossible de savoir c’est quoi, pas vrai? On m’a si souvent bousculé que je repousse les gens. Mais les employés du BSJ sont super. Ils te disent qu’ils sont honorés de travailler avec toi. C’est bien de savoir que quelqu’un s’en fait réellement pour toi, que tu comptes aux yeux de quelqu’un. C’est ce qui m’a permis de m’améliorer. Et maintenant je fais demande d’admission au collège, ce que je n’aurais jamais cru pouvoir faire. C’est incroyable comme les choses peuvent changer si rapidement. »
— Taylor, 18 ans

Start typing and press Enter to search

Share This